Dans l’épisode précédent, nous avons découvert la préhistoire de la cartographie. De l’Antiquité à la Renaissance, elle a évolué en fonction de la connaissance du monde qu’en avaient les scientifiques, astronomes, conquistadors, marchands, Grecs, Byzantins, Romains, Espagnols, Portugais…bref, tous ceux qui, de près ou de loin, tentaient de comprendre ce qui se passait au-delà des mers.
“Et pourtant elle tourne…”
Au XVIème siècle, l’Europe connaît la « révolution Copernicienne » et apprend que la Terre n’est pas le centre de l’univers. Grâce à l’essor de l’imprimerie, elle devient un centre de diffusion des connaissances scientifiques, et ceci malgré les réticences de l’église, qui voit le pouvoir scientifique lui échapper.
Les partisans de l’héliocentrisme, et qui pensent donc que la Terre tourne autour du Soleil, sont pourchassés par l’Inquisition et parfois exécutés, comme Giordano Bruno. La persécution de l’astronome Galilée, jugé au début du XVIIe siècle pour hérésie, est un des soubresauts de cette perte de contrôle, et ouvre la voie à la pensée cartésienne.
En parallèle, le développement économique lié à la découverte des Amériques et à l’exploration de l’Asie du sud-est (à la recherche de la route maritime des épices fermée par les Ottomans), marque le début de la stagnation des républiques marchandes italiennes. Il marque également la croissance rapide de l’Espagne et du Portugal, puis des Pays-Bas, de l’Angleterre et de la France, qui leur disputent le monopole du commerce maritime.
Au début du XVIè siècle, l’Ecole de cartographie de Dieppe, port de départ vers le Canada, reprend les connaissances des puissances ibériques et produit une série de mappemondes de qualité, les Cartes de Dieppe.
C’est à cette époque que, le planisphère de Waldseemüller, un cartographe allemand, fait figurer pour la première fois le continent « America » sur des documents.
Mercator, père du planisphère
Au milieu du XVIème siècle, Gérard Mercator, astronome belge, introduit le concept de longitude, et propose une représentation du globe par projection : c’est la projection cylindrique bien connue que l’on retrouve aujourd’hui sur toutes les cartes en ligne.
Les points du globe sont projetés sur un cylindre tangent à l’équateur, si bien que la déformation de l’information s’accroît en se rapprochant des pôles.
La “Cassini Family”
A la fin du XVIème siècle, presque toutes les côtes des continents sont connues, et c’est le début de la cartographie moderne.
En France, l’Etat a des besoins croissants en information géographique pour servir sa politique d’aménagement du territoire. Ceci est particulièrement perceptible au vu des travaux de la famille Cassini au cours des XVIIème et XVIIIème siècle.
Jean-Dominique Cassini (Cassini I), astronome renommé (c’est lui qui découvrit la grande tache rouge de Jupiter, et mesura la distance Terre-Soleil), est invité par Colbert à l’académie des Sciences, nouvellement créée, et dirige l’observatoire de Paris.
Son fils Jacques Cassini (Cassini II) continue ses travaux d’astronomie, et commence à dresser la première cartographie générale du territoire, s’appuyant sur une triangulation géodésique constituant la trame de la carte. Sur la carte, 1 cm représente 864 mètres.
Son fils, César-François (Cassini III), et son petit-fils, Jean-Dominique (Cassini IV) mèneront ces travaux à bien jusqu’au milieu du XVIIIème siècle.
Pour aller plus loin sur les cartes de(s) Cassini, nous vous recommandons vivement ce site !
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